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Communiqué du Comité de l’Association Pro Aventico

Un projet de recherche

Les différentes fouilles menées depuis 2014 ont été soigneusement documentées et ont livré une masse très conséquente de données à traiter. Pour ce faire, le projet d’étude « ORIGINES », qui concerne les origines gauloises d’Aventicum, a été mis sur pied. Il s’agit d’un projet ambitieux qui se décline en plusieurs volets : élaborations, études et publication des données de ces fouilles ; exposition temporaire et publication d’une plaquette grand public ; colloque scientifique qui aura lieu en 2024 et, finalement, exploration archéologique du Bois de Châtel, initiée en 2020 et qui se prolongera au moins jusqu’en 2023.

Porté par les Sites et Musée romains d’Avenches et par l’Association Pro Aventico, le projet « ORIGINES » a bénéficié, depuis son lancement en 2019, d’un généreux soutien de la Loterie Romande pour le volet des études scientifiques et de la Société de Tir des Bourgeois d’Avenches pour les recherches menées au Bois de Châtel.

Découverte d’une agglomération gauloise

En archéologie, rien n’est figé. De nouvelles découvertes amènent régulièrement les archéologues à revoir en profondeur leur champ des connaissances et à remettre en cause les modèles interprétatifs proposés auparavant. Et c’est ce qui s’est passé à Avenches au cours de la décennie écoulée…

En effet, jusqu’en 2014, il semblait reconnu qu’Aventicum était une fondation ex nihilo établie vers 15 avant notre ère, juste après l’intégration du territoire des Helvètes (le Plateau suisse) à l’Empire romain.

Depuis lors, chaque année ou presque, des fouilles menées principalement aux abords de la colline d’Avenches ont livré des vestiges appartenant aux 2e et 1er siècles av. J.-C. Sans être forcément très spectaculaires, ceux-ci sont riches d’enseignements et livrent de nombreux éléments permettant de conclure à l’existence d’une importante agglomération gauloise ayant précédé la ville romaine.

Vue générale de la fouille à la rue du Faubourg en 2014. Au premier plan, les vestiges de l’occupation gauloiseFig. 1 – Vue générale de la fouille à la rue du Faubourg en 2014. Au premier plan, les vestiges de l’occupation gauloise.

Un cimetière gaulois à Avenches

(Texte Hugo Amoroso et Danny Jeanneret, Aventicum 42-2022, extrait)

L’année 2022 a été marquée par une énième fouille d’envergure à Avenches, en l’occurrence dans le quartier dît au Milavy où cinq immeubles vont s’ériger sur une parcelle de 9’000 m2. Avant cela les archéologues du SMRA se sont activés durant plus de sept mois pour « libérer la zone » sur une profondeur atteignant parfois 4 m. Après le quartier de Sur Fourches, les diverses extensions du collège de Sous-Ville ou encore la nouvelle zone sportive, le secteur de découverte des vestiges gaulois a de nouveau été investigué. Leur présence était attendue – des sondages entrepris en 2016 avaient mis en évidence des structures et du mobilier celtes – en revanche leur nature fut une surprise. En effet, pas moins d’une vingtaine de tombes datées provisoirement entre la fin du 2ème siècle et la première moitié du 1er siècle av. J.-C. ont été mises au jour. Elles sont principalement composées par des incinérations en urne et par quatre inhumations d’enfant en bas âge.

La découverte de ce cimetière permet de fixer une limite à la « ville » gauloise d’Avenches. Comme à l’époque romaine les morts sont rejetés en dehors du tissus urbain, l’occupation gauloise ne peut donc s’étendre au-delà du secteur investigué cette année. Outre ce jalon important, l’étude de cet ensemble funéraire est d’autant plus primordiale que les tombes gauloises de cette période sont particulièrement rares sur le Plateau suisse. Leur analyse éclairera sans nul doute les pratiques funéraires encore mal connues de la fin de l’âge du Fer.Tombe à urne en céramique découverte sur le chantier du Milavy en 2022.Fig. 2 – Tombe à urne en céramique découverte sur le chantier du Milavy en 2022.

Une nouvelle exposition temporaire au Musée romain d’Avenches : « Avenches la Gauloise »

Avenches la Romaine et ses monuments emblématiques, tout le monde ou presque les connait… De fait, faute de vestiges antérieurs à la conquête, l’idée s’était installée dans l’esprit des chercheurs que la ville d’Aventicum avait été fondée en tant que chef-lieu des Helvètes par les Romains sur un territoire pratiquement inhabité.

Or il n’en est rien ! Grâce aux fouilles récentes, on sait désormais que se développe à Avenches, dès la fin du 2e siècle avant notre ère, une importante agglomération gauloise couvrant plusieurs hectares. Les chantiers de fouilles se sont succédé, livrant chacun à leur tour une part de ces secrets restés si longtemps enfouis. Cette exposition est l’occasion de dévoiler au public certains d’entre eux.Fig. 3 Vue de l’exposition « Avenches la Gauloise » à visiter actuellement au Musée romain d’AvenchesFig. 3 – Vue de l’exposition « Avenches la Gauloise » à visiter actuellement au Musée romain d’Avenches

Des fouilles menées au Bois de Châtel

Extraits tirés de l’article de Natasha Hathaway « Des Gaulois au Bois de Châtel » paru dans le journal La Liberté du 22 décembre 2022. L’article peut être lu intégralement dans le fichier PDF joint.

 Dans le cadre du projet de recherche « ORIGINES », plusieurs campagnes de sondages archéologiques ont été menées depuis 2020 sur le sommet du Bois de Châtel, colline qui offre une vue exceptionnelle sur la ville d’Avenches et la plaine de la Broye. En novembre et décembre 2022, une surface de près de 200 m2 a été à nouveau explorée par les archéologues des Site et Musée romains d’Avenches (SMRA), qui ont pu mettre en évidence les traces d’une occupation gauloise remontant au début du 1er siècle avant notre ère. Ces fouilles ont notamment révélé la présence d’un système défensif composé d’un fossé et d’un rempart.

Au fond de ce fossé d’une dizaine de mètres de largeur, un squelette de cheval a été découvert en 2020. D’après les analyses faites, l’animal aurait été exposé sur place pendant plusieurs jours, puis recouvert de terre car les os sont restés en connexion. Au-dessus de cette couche, des foyers ont ensuite été allumés. Il s’agit probablement de gestes à caractère rituel qui restent pour l’instant difficiles à expliquer. D’autre part, des encoches prévues pour des poteaux de bois ont également été mises en évidence. Ce dispositif est tout à fait similaire à celui mieux connu du Mont-Vully, qui remonte à la même époque. L’occupation gauloise du Bois de Châtel reste pourtant difficile à interpréter, puisque ces structures ont été largement détruites par les Romains, qui ont ensuite utilisé ce plateau comme carrière.

Différentes traces d’une présence gauloise ont également été découvertes, telles que des monnaies, des restes de repas et d’objets métalliques, mais aussi des tessons de céramique. Ces récipients, importés du sud de l’Allemagne, attestent d’importants mouvements de population durant cette période. D’autres vestiges ont également été découverts sur le site, notamment des fours à chaux, datant de la fin de l’Antiquité, encore chargés d’élément architecturaux en calcaire. Il n’est donc pas impossible qu’un petit temple romain ait été érigé au sommet de la colline puis démantelé par la suite.

Pour Denis Genequand, directeur des SMRA : « Ce chantier pose plus de questions qu’il n’en résout, nous avons ouvert une véritable boîte de Pandore ! »Vue d’un sondage réalisé en 2020 au Bois de Châtel. Squelette d’un cheval déposé au fond du fossé défensif.Fig. 4 – Vue d’un sondage réalisé en 2020 au Bois de Châtel. Squelette d’un cheval déposé au fond du fossé défensif.Vue aérienne des sondages réalisés en 2022 au Bois de Châtel.Fig. 5 – Vue aérienne des sondages réalisés en 2022 au Bois de Châtel.

Des Gaulois au bois de Châtel (PDF à télécharger)